• des gros cu... mulards !

     

    La "vertu usurpée" de… François d'Aubert ?

     

     

    livre colbert Notre ancien député-maire, François d'Aubert, essayiste à ses heures, vient de publier un livre intitulé "Colbert, la vertu usurpée".

    Soyons justes : ce n'est pas là pour lui une source conséquente de revenus.

     

    Dans cet ouvrage, il se permet de porter un jugement bien négatif sur Colbert, un grand serviteur de l'Etat, dont la carrière de ministre des finances (1665 à 1683) fut autrement plus longue, importante et marquante pour la France que ne le fut celle, bien furtive, notamment au budget (6 mois), de son détracteur d'aujourd'hui.

     

    Ce jeudi 10 juin 2010, sur le coup de 20h, nous étions toute une bande attablée au café, devant une bonne bière, regardant distraitement la télé fixée au mur du bistrot. Soudain, une tête connue nous est apparue : Christine Boutin, l'air des mauvais jours de celle qui est arrivée en retard à la messe, était sur le plateau, et, manifestement, un peu sur le grill. Son intervention était singulièrement hargneuse : boutin

     

    "J'ai entendu les Français qui ont de petits salaires qui, aujourd'hui, ne peuvent pas comprendre qu'il y ait ainsi un responsable politique qui ait une rentrée d'argent de près de 18 000 euros… J’ai (…) décidé de mener cette mission de façon gracieuse en renonçant à mes 9.500 euros ".

     

    Puis, plissant les yeux, la bouche un peu de côté en raison du rictus vengeur, elle a dit, comme un message subliminal en quelque sorte :

     

    main 020 « Je suis en train de créer une jurisprudence avec cette décision. Parce qu’il y a beaucoup de gens qui sont dans cette situation et qui vont aujourd’hui ou demain être confrontés au même problème ».

     

    Dans la foulée des déclarations de Mme Boutin, le premier ministre, François Fillon a alors promis de mettre en place "une doctrine uniforme" pour encadrer les rémunérations octroyées à des personnalités pour des missions. Puis, dans un communiqué, Matignon a indiqué que le premier ministre "se félicite de la décision argent 86 de Mme Christine Boutin". "Le premier ministre a demandé au secrétaire général du gouvernement de veiller, sans délai, à ce que les rémunérations éventuellement octroyées à des personnalités chargées d'une mission […] soient cadrées selon une doctrine uniforme… Cette doctrine fixera des références, notamment sur leur niveau, les éventuels cumuls…".

     

    d-aubert Nous n'avons pu alors nous empêcher de penser à notre vieille connaissance François d'Aubert. Son ancienne collègue, Christine Boutin, ancienne ministre (comme d'Aubert), ancienne parlementaire (comme d'Aubert), percevait un émolument de 9500 € pour une "étude sur les conséquences sociales de la mondialisation" (rattachée à M. Woerth, comme d'Aubert…), qu'elle cumulait avec sa retraite de parlementaire et ses indemnités de conseillère générale, l'ensemble atteignant la coquette somme de 18 000 € selon le Canard Enchaîné. De quoi couler une retraite paisible sans attendre un âge canonique ! argent 64

     

    Alors, chacun autour de la table s'est mis à rajouter une précision, à poser une question :

     

    - "sa retraite de 30 ans de parlementaire : 6 000 € ?!…",

    - "sa retraite de maire ?!…",

    - "sa retraite de la Cour des comptes ?!…", argent 02

    - "la retraite du Conseil général ?…!",

    - "la retraite du conseil régional ?!…", argent 81

    - "la retraite d'Ambassadeur ?!…la retraite d'ITER ?!…",

    - "la retraite de la Cité des Sciences de la Villette ?!…"

    - "et le plein traitement de sa mission actuelle de délégué général à la lutte contre les juridictions et territoires non coopératifs ?!…7000 € ?! ".

     

    À 67 ans, est-ce qu'il cumule tout cela ? se pourrait-il qu'il touche encore plus que Mme Boutin ?

     

    livre stef Dans un livre paru récemment, intitulé "la caste des 500, enquête sur les princes de la République", écrit par le célèbre journaliste d'investigatio écrivain n Yvan Stefanovitch, François d'Aubert est présenté en ces termes :

     

    " Un autre aspect des mœurs de la politique française est la « récompense ». Non pas d’avoir gagné des élections mais de les avoir perdues. En effet, on a pour habitude, à gauche et à droite, de caser dans des postes rémunérateurs ceux qui se sont fait renvoyer par les électeurs. Battus aux législatives de 2007 et aux municipales de 2008, deux anciens ministres, Gilles de Robien et François d’Aubert ont été « aidés » par le président de la République pour trouver un poste. Le premier est délégué du gouvernement français au conseil d’administration de l’Organisation Internationale du Travail et aussi ambassadeur « chargé de promouvoir la cohésion sociale » (sic !). François d’Aubert a d’abord été recasé par Chirac comme «ambassadeur haut représentant pour la réalisation en France du projet ITER, le réacteur expérimental international de fusion nucléaire ». En juillet 2007, c’est Sarkozy qui s’occupe de lui en le nommant président de l’Etablissement public de la Cité des sciences et de l’industrie et en avril 2009, il devient délégué général à la lutte contre les paradis fiscaux. Tous les deux bénéficient de voiture de fonction avec chauffeur… et tous les deux touchent leurs retraites d’élu, d’ancien haut fonctionnaire ou d’assureur dans le cas de Gilles de Robien. Ça fait beaucoup surtout pour d’Aubert, proche de Madelin et ancien de la Cour des Comptes, qui était nommé le « député enquêteur ».

     

     

    clochard Les hommes politique comme François d'Aubert connaissent rarement le chômage, contrairement aux français moyens. Sa "vie professionnelle" en atteste.

     

    Après ses études, François d'Aubert était devenu, en fait seulement le temps d'un stage, fonctionnaire à la Cour des Comptes, qu'il avait rapidement quittée pour la vie politique, d'abord dans des cabinets ministériels, puis élu député de la Mayenne en mars 1978. a poil

     

    Elu maire de Laval en 1995, il rentre au gouvernement. Cette carrière est interrompue avec la dissolution de 1997. Il le redevient en 2004. Il est renvoyé du gouvernement le 1er juin 2005. La République rémunère les ministres encore 6 mois après leur départ et M. d'Aubert arrivait donc en fin de droits au 1er décembre 2005.

     

    Il estime alors risqué de provoquer une élection législative partielle, et laisse donc son suppléant, Henri Houdouin, finir le mandat.

     

    chutes-07 Mais il faut bien vivre, et il doit donc envisager de reprendre une vie professionnelle, ou du moins de s'assurer un revenu. Avec ses relations puissantes, il va programmer avec soin sa nouvelle carrière, afin de faire la jointure côté ressources.

     

     

    En cet été 2005, d'Aubert bénéficie donc de deux belles promotions en quelques semaines : d'auditeur de 1ère classe, il devient conseiller référendaire de 2ème classe par décret du 3 magiciens019 août 2005 (JO du 5 août 2005), puis de conseiller référendaire  de 2ème classe en 1ère classe par décret du 14 septembre 2005 (JO du 15 septembre 2005) !

    En fait, ces promotions fulgurantes lui permettent d'atteindre un rang permettant une équivalence avec la fonction d'ambassadeur ("quelle excellence !").

     

    homme-echelle Le lundi 21 novembre 2005, était créée une nouvelle fonction : "Haut représentant pour la réalisation en France du projet international de réacteur expérimental thermonucléaire dit projet ITER" avec rang d'Ambassadeur (décret n°2005-1438 du 21/11/05, avec publication au Journal Officiel le 22 novembre 2005).

     

    Dès le mercredi 23 novembre 2005, François d'Aubert (dont le sens de la diplomatie est bien connu) était nommé sur ce poste en conseil des ministres :

     

    "Sur proposition du ministre des affaires étrangères :

    - M. François d’AUBERT, conseiller référendaire de 1ère classe à la Cour des comptes, est nommé ambassadeur, haut représentant pour la réalisation en France du projet ITER.." (annonce de la nomination).

     

    Cela laissait rêveurs nombre des employés municipaux de la Ville de Laval dont il était encore maire ; et de ceux de l'Agglomération dont il était encore le président.

     

    Imaginons ce qu'une telle opération de promotion et de reclassement aurait donné chez nous, à la Mairie de LAVAL :

    le CTP est réuni un 25 novembre à 15h pour créer un nouveau service dans l'organigramme ; à 20h, le conseil municipal crée les postes ; dès 10h du matin le lendemain, la CAP se réunit pour établir le tableau des avancements de grades. Le 27 novembre au matin, les agents municipaux Dupont, Durant, Dubois, Dumoulin,…sont promus à leurs nouveaux grades. Dès le 1er décembre, leurs fiches de paie sont actualisées…

      

    Billets-3 iter

    A 62 ans, François d'Aubert entamait donc une nouvelle carrière de fonctionnaire. Bien tranquille, voire virtuelle (ça tombe bien, il est un grand amateur de la "réalité virtuelle") puisqu'il n'hésitait pas à déclarer au Courrier de la Mayenne, le 4 janvier 2006 :

     

    "Question : vos nouvelles fonctions vont-elles vous éloigner de Laval ?

     

    - réponse : Je reste à plein temps sur Laval. A la limite, mon ambassade se trouve à la mairie de Laval".

     

      chute escalier

    Et il va renouveler l'opération 2 ans plus tard.

    Battu lo rs des élections législatives du 17 juin 2007, d'Aubert est donc nommé, dès le mercr edi 25 juillet 2007 en conseil des ministres, Président de la Cité des sciences et de l'industrie. Dans son Blog Authuiel saluait l'évènement dans un article intitulé : "Un parfum de sinécure... ".

     

    La revue "Capital" n°196 de janvier 2008, journal pourtant très proche des milieux économiques et patronaux, publie une grande enquête sur "Les recasés de la Chiraquie". Concernant le maire de Laval, "Capital" écrit :

     

    capital-janvier-2008

     

    "C'est le cas par exemple de François d'Aubert, un chiraquien sarkocompatible, qui occupe la présidence de la Cité des sciences et de l'industrie ; il était ministre de la Recherche sous Raffarin. Seul problème, d'Aubert ne bosse que le mardi et le mercredi, le reste de la semaine étant consacré à sa campagne municipale à Laval. Pour ce petit mi-temps, il touche quand même 7 000 euros par mois avec une Laguna de fonction toute neuve et chauffeur".

     

    geode

    Dès son arrivée à la Cité, d'Aubert avait fait discrètement acquérir une voiture de fonction avec chauffeur pour ses besoins, au grand scandale des salariés. Les syndicats de cet établissement public révélèrent le pot aux roses. Voici le texte du syndicat SUD de La Villette rendant comptes des questions à ce sujet des délégués du personnel :


    " 31 janvier 2008 : lu dans les questions des délégués du personnel

    Question 7 : véhicules de la Cité

    Pouvez-vous nous indiquer dans quelles conditions un salarié peut utiliser pour ses besoins privés un véhicule appartenant à la Cité ou loué par la Cité ? Quelle est la limite d’utilisation des voitures de fonction ?

    Réponse 7
    Les véhicules de la Cité n’ont pas vocation à être utilisés pour les besoins personnels des salariés. Par ailleurs, il n’y a pas de voiture de fonction à la Cité.

    Lu dans la revue “Capital” n°196 de janvier 2008: « Pour ce petit mi-temps, il [le président de la cité des sciences François d’Aubert] touche quand même 7 000 euros par mois avec une Laguna de fonction toute neuve et chauffeur ».

    Alors, qui dit la vérité? voiture ou pas voiture ?

     

    28 février 2008, audience des délégués du personnel,

    la direction persiste dans son affirmation qu’il n’y a pas de voiture de fonction à la Cité des sciences.

    La direction fait joujou avec les termes, mais il est vrai que les termes ont une importance. Une voiture de fonction est une voiture confiée par l’entreprise à un ou plusieurs de ses collaborateurs pour l’utiliser pendant et en dehors de ses heures de travail. Un véhicule de fonction est une forme de rémunération considérée comme un avantage en nature par le fisc. Donc si ce n’est une voiture de fonction, ce peut-être un véhicule de société (ou un véhicule de service). Un véhicule de société ou de service ne peut rigoureusement pas être utilisé pour un usage privé (sous peine de requalification par les services fiscaux notamment). A qui donc est destinée la Laguna neuve que la Cité des sciences loue en longue durée et quel est son statut ? (avis d’achat du 29/09/2007) .

     

     

    Car à ses émoluments de 7000 euros par mois s'ajoutent ses indemnités de la Mairie de Laval et celles de Laval-Agglo. Il a également à Laval une superbe 607 et 2 chauffeurs (Yves et Edouard).

     

    Ce qui fait, en matière de dépense publique et de privilèges que ses amis dénoncent pourtant régulièrement lorsqu'il s'agit des petits fonctionnaires, 2 voitures, 3 chauffeurs et 3 payes pour une seule personne.

      voiture-allum-e

     

    Mais il ne réussit pas à faire reculer l'âge limite de départ, fixé à 65 ans, pour les présidents de La Villette, et Claudie Haigneré, qui lui avait déjà succédé au ministère de la recherche, vient, cette fois encore, lui succéder à la Présidence de la Cité des sciences de La Villette.

     

    D'Aubert pourrait alors jouir de son droit à la retraite. Mais rien ne semble l'arrêter. A 65 ans, sur intervention de son ami Fillon, il est nommé sur une nouvelle mission : "délégué général à la lutte contre les juridictions et territoires non coopératifs" (les "paradis fiscaux"). 40 ans après son court passage à la Cour des Comptes, il reprend du service.

     

    Il est lauriers vrai qu'il a une solide expérience en la matière : après 13 ans avec lui comme maire, la nouvelle municipalité de Laval a été dans la nécessité d'augmenter de 26 % les impôts locaux en 2009. Ainsi, grâce à lui, la Ville de Laval est devenue un vrai "paradis fiscal"…

     

    Cette nouvelle fonction est officiellement annoncée et décrite ainsi :

     

    "François d'AUBERT est nommé délégué général à la lutte contre les juridictions et territoires non coopératifs

    Date de publication : mercredi 15 avril 2009

    Christine Lagarde et Éric Woerth ont chargé M. François d’Aubert, ancien ministre, de leur formuler des propositions."

       

    La lutte contre les juridictions non coopératives est l’une des priorités françaises dans les enceintes internationales. Le président de la République en a fait l’un des thèmes des récentes réunions du G20 et du Conseil européen.

     

    Le G20 a abouti le 2 avril dernier à un accord historique sur cette question en publiant la liste des juridictions non coopératives en matière fiscale établie par l’OCDE et en décidant de rendez-vous périodiques permettant de s’assurer du respect de leurs engagements par les juridictions de la liste « grise ».

     

    Afin d’assurer le suivi des décisions du G20, Christine Lagarde et Éric Woerth ont chargé M. François d’Aubert, ancien ministre, de leur formuler des propositions :

    - afin de permettre la finalisation dans les délais les plus brefs des listes des juridictions non coopératives en matière prudentielle et de lutte contre le blanchiment, à établir respectivement par le Forum de stabilité financière (FSF) et le Gafi ;

    - afin d’analyser la portée et l’utilisation effective des accords d’échange de renseignements actuellement en vigueur.

     

    Cette mission doit permettre de faire avancer les initiatives françaises adoptées par le G20 lors des prochaines réunions de haut niveau prévues sur ces sujets".


     

    tirelire 04 Voilà une formulation aussi alambiquée que celle décrivant la mission de Christine Boutin :

     

     

     

     

    " Le président de la République a confié à Mme Christine BOUTIN une mission sur la dimension sociale de la mondialisation.

    Cette mission répond à la préoccupation régulièrement rappelée par le chef de l'Etat que la France soit à la pointe de la définition d'une nouvelle régulation sociale de la mondialisation qui concilie le développement économique et le développement social en s'appuyant sur l'élévation du niveau de vie et l'amélioration du bien-être.

    Dans cette perspective, Mme Christine BOUTIN est chargée d'approfondir les conditions de mise en œuvre des propositions présentées par le président de la République lors de son intervention devant l'Organisation Internationale du Travail, le 15 juin dernier, pour mettre la justice sociale au cœur de l'ordre mondial, notamment en soumettant à une conditionnalité sociale les interventions des institutions financières internationales (FMI, Banque mondiale, banques de développement, etc.) et en permettant l'intervention de l'Organisation Internationale du Travail dans des litiges commerciaux par la voie de questions préjudicielles.

    Mme Christine BOUTIN devra également conduire une réflexion prospective sur les conséquences sociales de la mondialisation en France et sur les réformes qui doivent en découler en matière de fiscalité, de droit du travail et de système de protection sociale".

     

    D'Aubert et Boutin se retrouvent ainsi dans la position du missionnaire...

     

    euro 01 Le total de ses revenus actuels n'est pas facile à calculer. Nous l'invitons toutefois à suivre l'exemple de Christine Boutin et de quelques ministres qui, au nom de l'exemple face aux sacrifices demandés actuellement aux Français, ont renoncé à une partie de leurs émoluments. La "vertu usurpée" sera alors un honneur retrouvé… 

      cigare

    P.S. :  une précision importante toutefois : François d'Aubert ne fume pas, c'est  toujours ça de gagné !

     

     

     

     


    Vidéo proposée par Monsieur Buzz

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