• Evaluation = piège à cons (épisode n°7)

     

    Rappel des épisodes précédents : Guillaume Garot veut mettre en place à la Mairie de  Laval, l'expérimentation (pourtant facultative) de l'évaluation des fonctionnaires voulue par M. Sarkozy dans le cadre de la RGPP, transcrite dans le décret du 29 juin 2010 et la circulaire du 6 août 2010. Guillaume, député mal noté, a témoigné de l'injustice des évaluations. Un médecin du travail, Christophe Dejours, a exposé les dangers de l'évaluation individualisée des performances. Mais le départ précipité de Georges Tron, inspirateur du décret, rend bien délicate l'application de ses oeuvres à la mairie de Laval. Cette application est d'autant plus délicate que Guillaume Garot ne peut pas ignorer les dégâts qui ont été provoqués par l'application de l'évaluation individuelle des salariés dans une grande entreprise, France Télécom, qui fut, avant que la gauche ne décide de sa privatisation, un des fleurons du secteur public....

     

    Nicolas Sarkozy a un mérite, c'est celui de respecter son électorat. Il met en oeuvre une politique au service de son fond de commerce politique. S'agissant des fonctionnaires, de sa conception de la fonction publique, il a clairement annoncé la couleur et établi une feuille de route en accord parfait avec la détestation entretenue par ses supporters vis à vis de la fonction publique. Depuis cette date, il met en oeuvre cette politique avec constance, étape par étape.

     

    En clair, Sarkozy fait ce qu'il a dit qu'il ferait. Depuis son arrivée au pouvoir, il démonte patiemment le concept même de fonction publique, en sape les fondements républicains, avec la remise en cause du principe du recrutement par la voie du concours, l'introduction du concept de contrat, l'affaiblissement des moyens via la RGPP...

     

    Dès septembre 2007, soit quelques mois après son élection, Sarkozy a planté le décor de toute son action en matière de fonction publique, lors d'un discours prononcé à Nantes le 19 septembre 2007, à l'Institut Régional d'Administration de Nantes. Il évoquait dans son propos, sans détour, la mise en oeuvre de l'évaluation individualisée des agents de la fonction publique. Il a depuis fait traduire sa volonté dans la loi et les textes réglementaires qui l'accompagnent. Le décret du 29 juin 2010 sur l'entretien professionnel est ainsi en parfaite adéquation avec les orientations de ce discours.

     

    Jugez en au travers de quelques extraits du discours du 17 septembre 2007 :

     

    "Pour moi il n'y a pas de réforme de l'Etat et de la fonction publique envisageable sans une revalorisation des carrières des fonctionnaires. Il n'y a pas d'effort supplémentaire sans contrepartie. Il n'y a pas de mérite sans récompense du mérite. Il n'y a pas de réforme de l'Etat réussie si elle ne débouche pas sur une amélioration de la  situation matérielle et morale des fonctionnaires, de leur rémunération, de leurs conditions de travail. La réforme de l'Etat et de la fonction publique ne peut pas être résolue sans un changement en profondeur des méthodes, de l'organisation, des critères d'évaluation....

     

    ...L'individualisation des carrières, la révolution que constituerait une véritable gestion des ressources humaines, appelle  bien sûr une autre révolution, celle de la formation continue, celle de la validation des compétences et en corollaire une réflexion sur la culture du concours et
    sur la notation. Car tout se tient : pas de mobilité, pas de perspective d'évolution sans formation continue. Pas de gestion humaine si le dialogue avec sa hiérarchie se limite à la notation. Ce sont de véritables procédures d'évaluation qui impliquent l'engagement de l'encadrement et la définition d'objectifs de travail précis qui doivent se substituer aux pratiques de notation que nous connaissons...."

     

    Tout est dit : individualisation des carrières en fonction du mérite mesuré au travers du dialogue sensé s'instaurer lors de procédures d'évaluation centrées sur la réalisation d'objectifs de travail remplaçant la notation.

     

    Que Sarkozy applique sa politique, il n'y a là rien de surprenant. En revanche, ce qui est bien plus choquant, c'est le consternant soutien de Guillaume Garot, l'un des opposants affichés à la politique de Sarkozy, à la mise en oeuvre effective de celle-ci dans sa propre administration, alors même que la loi ne l'impose pas.

     

    garot favennec sarkozy

    Ouest-France avait publié cette photo lors de la visite

    de M. Sarkozy à Laval, le 28 août 2008.

    Cliquez sur l'image pour voir l'intégralité de la feuille de route fixée par  Sarkozy pour la fonction publique, lors de son discours de Nantes le 17 septembre 2007.

     

    Les électeurs de Guillaume Garot, dont beaucoup sont fonctionnaires et attachés au service public, ont ils souhaité qu'il apporte son aide à la mise en oeuvre de la politique de l'adversaire ? à l'évidence non !

     

    Les membres du conseil municipal, qui comptent dans leurs rangs de nombreux fonctionnaires et enseignants (voir à ce propos un article traitant de l'émotion suscitée dans la communauté éducative par l'introduction de ces méthodes dans l'évaluation des enseignants), souscrivent ils à cette mise en oeuvre, alors même que les organisations syndicales de la fonction publique condamnent l'évaluation individualisée ? à l'évidence non !

     

    Guillaume Garot nous l'a encore rappelé récemment, il est très attaché au Respect.

     

    En politique, le Respect des électeurs est l'un des fondements essentiels de la démocratie. L'opinion publique est sévère, à juste titre, avec les pompiers pyromanes, elle l'est tout autant avec ceux qui ne respectent pas le contrat électoral scellé dans les urnes, qui interdit de mettre en oeuvre la politique de l'adversaire.

     

    à suivre...

     


  • Commentaires

    1
    Education Nationale
    Samedi 13 Septembre 2014 à 11:51

    Nicole, Claude, Yann, Françoise, il faut absolument ramener Guillaume Garot à la raison. Nous, on rame sur le terrain, pour que l’évaluation individuelle ne se mette pas en place dans le monde de l’enseignement. C’est la volonté de Sarko d’instaurer la rémunération au mérite des profs et nous ne voulons surtout pas de çà !

     

    Alors évidemment l’initiative malheureuse de Guillaume de mettre en place l’expérience de l’entretien professionnel, voulue par Sarkozy, à la mairie est totalement contre productive. C’est n’importe quoi, vraiment !!! Pourquoi une équipe de gauche fait le boulot de  

    Sarko alors que la loi ne l’impose même pas.

     

     

    C’est déjà dur de défendre la municipalité de gauche ces derniers temps. Mais avec la multiplication des conneries ces derniers temps, çà devient vraiment mission impossible. Il faut arrêter de marquer des buts contre notre camp. Faire la besogne à Sarko non merci, çà passe vraiment pas !

     

    Et puis comment convaincre les copains qu’en 2012 il sera mis un terme à la politique Sarko dans la fonction publique avec un président socialiste si on donne un coup de main dans la dernière ligne droite à nos adversaires ?!?

     

    Evaluation des enseignants : des profs promus au mérite ? (reportage France Info)

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